Motion d'orientation : « Face à l'urgence, UNIR les écologistes »
Denis BAUPIN ; Marie-Christine BLANDIN ; Yves COCHET ;
Marie-Anne ISLER-BEGUIN ; Jacques MULLER ; Mireille FERRI,
Pascal CANFIN ; Maria PORTUGAL ;
Christophe NAJDOVSKI ; Véronique DUBARRY....
Notre responsabilité collective est aujourd'hui de convaincre que la décroissance solidaire de l'empreinte écologique trace les contours d'une société de sobriété, de solidarité et de bien être.
ENSEMBLE, RELEVONS CE DEFI !
1 - Denis Baupin (IDF) 2 - Maria Portugal (IDF) 3 - Patrice Pollet (Languedoc Roussillon) 4 - Mireille Ferri (IDF) 5 - Pierre Kermen (Rhône-Alpes) 6 - Clarisa Carillo (Auvergne) 7 - Alain Bucherie (Poitou-Charente) 8 - Françoise Coutant (Poitou-Charente) 9 - Ferdinand Richard (PACA) 10 - Mireille Guénée (Aquitaine) 11 - Daniel Beguin (Lorraine) 12 - Sabrina Schliwanski (Nord PDC)13 - Stéphane Bigata (Bretagne)
Mandataire de la motion : Yves Cochet (IDF)
Mettre la société en mouvement, organiser la décroissance de l'empreinte écologique
Le changement climatique et la fin du pétrole bon marché produisent leurs effets dévastateurs
sur nos modes de vie et sur les systèmes écologiques et sociaux. La crise financière actuelle
signe l’échec du cycle libéral entamé dans les années 70 et ouvre la voie à un retour de la
régulation publique, également indispensable pour lutter contre l’extinction des espèces, la crise
alimentaire, la misère et la pauvreté de centaines de millions d'êtres humains, les épidémies
environnementales, les risques technologiques …
Le défi est mondial. Partout, les écologistes et les partis Verts ont un triple rôle à jouer :
• Un rôle d'alerte sur l'ampleur de la crise écologique, dont nous avons parfois sousestimé
le caractère angoissant et culpabilisant. Or il ne s'agit pas de faire peur, mais de
faire face.
• Un rôle de promotion, notamment au travers des politiques publiques, des solutions
concrètes qui conjuguent réponses à la crise environnementale, justice sociale, qualité
de vie et relocalisation de l'économie
• Et un rôle de mobilisation de l'ensemble de la société. On ne sortira pas de la crise
écologique sans la prise de conscience et la mobilisation du plus grand nombre, afin que
chacun puisse être non seulement acteur de sa vie mais aussi du profond changement
social et culturel qu'il nous faut accompagner.
Cette nécessaire mise en mouvement de la société intervient dans un contexte de domination
de l'idéologie libérale, et où individualisation, précarisation, mondialisation contribuent à la perte
de repères et précipitent la récession.
Dans un tel contexte, nous devons démontrer non seulement la justesse, mais aussi la
faisabilité, l'humanité et l'équité de nos propositions.
Montrons comment nos propositions et nos réalisations en matière de transports, d'urbanisme,
d'agriculture, de conversion écologique et solidaire de l'économie…, permettent déjà de réduire
notre empreinte écologique. Elles renforcent la solidarité en accroissant les droits des plus
fragiles, relocalisent l'économie en la rendant plus robuste face aux crises à venir, améliorent la
qualité de la vie, renforcent les liens sociaux et le mieux vivre ensemble.
Montrons comment la transition de notre société productiviste vers une société écologiste est
non seulement souhaitable mais potentiellement bénéfique pour la très grande majorité d'entre
nous.
Montrons que le passage à cette société ne se décrète pas mais repose sur l'implication et la
responsabilité de chacun, exige plus de démocratie, plus d'éducation et de culture, plus
d'engagement civique et d’exercice des droits sociaux.
Montrons qu'il n'y a pas d'autre fatalité que la fin des ressources fossiles. Les solutions ne
consistent ni à revenir un siècle en arrière, ni à renforcer la loi du plus fort, mais à inverser les
priorités.
Sobriété ne signifie pas régression mais modernité et progrès humain ; écologie ne signifie pas
masochisme mais qualité de vie ; décroissance solidaire de l'empreinte écologique ne signifie
pas récession ou baisse de l'activité humaine, mais définition d'un projet de société, où « vivre
mieux » n’est pas « travailler plus, pour produire plus, pour consommer plus».
Notre ambition est de passer, par cette décroissance solidaire et démocratique, de la société du
gaspillage à la civilisation de la sobriété conviviale et de la solidarité entre les peuples du
monde. Elle implique justice, démocratie, solidarité, épanouissement des individus, refus de
toute discrimination, respect des minorités, responsabilité vis-à-vis des générations futures.
En ce sens pour nous l'écologie est fondamentalement l'humanisme du 21ème siècle, et s’inscrit
dans la lignée de Jaurès, Gandhi, Jacques Ellul, Ivan Illich et René Dumont…
UNIR LES ÉCOLOGISTES POUR OUVRIR UN NOUVEAU CYCLE DE L'ÉCOLOGIE POLITIQUE :
Nous avons aujourd'hui l'opportunité de dépasser la division historique de l'écologie. Les écologistes politiques reconnaissent que seuls ils ne sont pas en capacité de faire changer l'écologie d'échelle. Les écologistes associatifs sont prêts à dépasser une stratégie «apolitique» dont le détricotage des mesures du Grenelle montre les limites. Et ceux qui ont développé une écologie citoyenne et altermondialiste, sont prêts, selon l'expression de Gandhi, à «la beauté du compromis».
Avec l'ensemble de ces acteurs, un nouveau cycle peut s'ouvrir, au cours duquel l'expérience des uns et des autres nous enrichira mutuellement et nous permettra de franchir un seuil historique. Cette perspective nous fait souhaiter ardemment la réussite du rassemblement des écologistes.
Cette dynamique commence à prendre forme pour les prochaines élections européennes. C’est
la première étape d’une stratégie cohérente, en plusieurs temps.
1 - Le premier temps consiste à engager la construction d'une nouvelle force
politique, réunissant la galaxie écologiste et dépassant les Verts. Au moment où les partis de
gauche traditionnels se montrent incapables de rompre avec les logiques productivistes
responsables de la crise écologique, il est impératif de construire une force politique écologiste
autonome.
Dans cette perspective, nous devons réunir 2 conditions : d’une part, l’adoption, lors du congrès
des Verts, d’une démarche de rassemblement sans arrière pensée, d’autre part, la traduction
électorale de cette démarche lors des élections européennes, portées par des listes allant de
José Bové aux proches de Nicolas Hulot.
Ce rassemblement s’appuiera notamment autour de quelques grandes priorités déjà largement
travaillées par le Parti vert européen :
- une Europe qui prend le leadership de la lutte contre le changement climatique et
aide le sud à y faire face ;
- une Europe qui relève ses ambitions en matière de biodiversité et stoppe la perte des
espèces animales et végétales sur son territoire
- une Europe qui reprend la main sur les multinationales et sur la mondialisation
libérale ;
- une Europe qui met un coup d'arrêt au démantèlement des services publics, crée les
premiers services publics européens et soutient l'économie sociale et solidaire ;
- une Europe qui poursuit son élargissement, et met en place des coopérations
renforcées avec les Etats qui souhaitent aller vers davantage de fédéralisme ;
- une Europe ouverte sur le monde, actrice du dialogue et de la paix entre les peuples
- une Europe qui change radicalement de politique agricole en encourageant les
modes de production soutenables, qui renonce aux OGM et reconnaît le droit à la
souveraineté alimentaire au Sud, etc.
Ces listes de rassemblement devront s'ancrer sur tous les territoires sur la base de collectifs
locaux composés des Verts bien sûr mais aussi des personnes qui, adhérents d'ONG
environnementales, de la confédération paysanne, de syndicats de salariés, d'acteurs de
l'économie solidaire et de l'éducation populaire… se retrouveront dans la dynamique proposée.
2 - Si ces conditions sont au rendez-vous et créent la dynamique politique collective à laquelle
nous aspirons, nous proposons que se tienne avant la fin de l'année 2009 un Congrès de l'union
des écologistes. Au préalable, une assemblée générale des Verts déterminera la volonté
majoritaire concernant l'avenir des Verts.
3 - Pour les Régionales, nous défendons le principe de listes autonomes, dont nous construirons
les contours dans une dynamique d’union des écologistes. Cette position sera confirmée, le
moment venu, en fonction du mode de scrutin et du résultat aux Européennes.
4 - Ensuite, ce sera le moment de préparer, dans le cadre du rassemblement des écologistes,
les conditions d’une candidature de l'écologie politique aux présidentielles et du changement de
majorité politique en France en 2012 que nous appelons de nos voeux. Car, même si nous nous
opposons au productivisme et au néolibéralisme, qu'ils soient portés par des partis de droite ou
de gauche, nous réaffirmons que nous ne confondons pas la droite et la gauche.
PREPARER LA REFONDATION DE L’ECOLOGIE EN TRANSFORMANT PROFONDÉMENT
NOS PRATIQUES :
La structure et le fonctionnement des Verts, conçus en 1984 dans un contexte différent, sont en
grande partie à bout de souffle.
Conflits procéduriers, tendances lourdes à l'« égologie », primat des logiques de courants,
minent notre crédibilité collective et notre créativité.
Etre à la hauteur des enjeux du rassemblement des écologistes suppose de modifier en
profondeur nos modes de fonctionnement, de renouer avec l'éthique politique qui fonde nos
valeurs communes, et retrouver du plaisir à militer ensemble !
Mieux organiser notre fonctionnement, gagner en efficacité collective, c’est notamment :
• Mieux valoriser les multiples talents et réussites, notamment de ceux qui au nom des
Verts s'engagent quotidiennement en tant qu'élus, défendent leurs convictions, font
avancer la prise de conscience de la société et vivre la démocratie locale
• Soutenir l'émergence de nouvelles générations de militants pour assurer la pérennité et
le renouvellement de notre expérience collective, tout en la capitalisant
• Asseoir le fonctionnement politique des instances nationales autour de 3 pôles de
compétences : Environnement, Social et économique, Droits et libertés
• Faire du nouveau Conseil Politique (instauré récemment par les statuts) l'élément d'une
cohérence, d'une visibilité et d'une crédibilité collectives retrouvées
• Dédier une délégation du Collège Exécutif à la Convention pour l'écologie, qui aura
également la responsabilité du programme. Cette convention doit permettre aux Verts et
aux autres organisations écologistes et engagées dans le mouvement social de partager
des analyses, et d'élaborer en commun des propositions. Elle prépare et préfigure, sur le
fond, le futur congrès de l'union des écologistes .