Le Monde : Les Verts se rangent derrière le rassemblement écolo de Cohn-Bendit - 17/11/08

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Leur congrès se déroule presque incognito, à côté de celui du Parti socialiste. Et pourtant, les Verts ont eux aussi voté samedi 15 et dimanche 16 novembre pour leur orientation. Leur assemblée générale, les 6 et 7 décembre à Lille, doit désigner leur nouvelle direction. Six motions étaient en lice, mais c'est autour de deux lignes que les dirigeants des Verts se sont affrontés. La première vise à soutenir sans réserve le rassemblement des écologistes proposé par Daniel Cohn-Bendit aux élections européennes, comme fondation d'un éventuel nouveau mouvement. La seconde consiste à réaffirmer l'ancrage des Verts à gauche en mettant l'accent sur l'enjeu de la présidentielle de 2012.
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Le parti écologiste est devant un choix déterminant pour son avenir. Laminé à la présidentielle de 2007, il avait soutenu avec enthousiasme la proposition d'une alliance de tous les écologistes à l'occasion du scrutin européen, lors de ses journées d'été, à Toulouse. Et accueilli "Dany" comme son nouveau héros, lui qui avait réussi à rassembler pour une même future liste, José Bové, Jean-Paul Besset, bras droit de Nicolas Hulot, Antoine Waechter, ancien secrétaire national des Verts, et des écolos associatifs. Les Verts avaient même accepté d'être minoritaires dans le comité de pilotage de la campagne. Ils n'avaient plus le choix.

Depuis le score de Dominique Voynet en 2007 – 1,57 % –, ils n'étaient plus audibles et le vivaient mal. Eux qui avaient été les premiers à pronostiquer la crise écologique, étaient soudain doublés par d'autres – Nicolas Hulot ou Ségolène Royal, voire François Bayrou. Même leurs leaders avaient pris un coup de vieux, comparé à l'offre politique d'un Olivier Besancenot. Ils avaient pu passer sans encombre les municipales mais dans une large mesure, grâce aux alliances avec le PS. Ils rêvaient d'exister à nouveau dans leur singularité écolo et "Dany" leur en donnait l'occasion.

ORGANISER LA NÉBULEUSE

C'est dans ce contexte que le congrès s'est ouvert. Pas moins de quatre motions ont cherché à tirer profit de la proposition Cohn-Bendit. Yves Cochet, allié à Denis Baupin, conseiller de Paris, a prôné une fois de plus une "refondation de l'écologie politique". "Il ne s'agit pas d'un coup politique mais de dépasser les structures sclérosantes en organisant la nébuleuse écolo d'ici à la fin 2009", explique M. Baupin.

Deux autres motions, l'une animée par Bernard Jomier et Noël Mamère, l'autre par Jean-Marc Brulé et Jean Desessard se sont réclamées, avec des nuances, de la même perspective. La secrétaire nationale, Cécile Duflot, bien que plus sceptique, a enfourché ce cheval de bataille par pragmatisme.

En face, les amis de Dominique Voynet défendaient, eux, la nécessité d'une "refondation écologique de la gauche" en affirmant leur volonté de peser sur l'évolution du PS. "Faire 10% aux européennes est présenté comme la solution magique aux problèmes des Verts. Mais ça sert à quoi si on ne pèse pas sur l'alternative à construire pour battre Sarkozy en 2012?", interroge Claude Taleb, ancien directeur de campagne de la sénatrice. La gauche du parti, emmenée par la vice-présidente de la région Ile-de-France Francine Bavay et la députée de Paris Martine Billard, n'est pas loin de partager le même diagnostic : "Le rassemblement des écolos vise à aller sur les terres de Bayrou", analyse Mme Billard, qui rejette également toute alliance "privilégiée" avec le PS.

C'est la secrétaire nationale qui est sortie en tête du vote des militants avec 28%, devançant les amis de Mme Voynet de deux points. Les trois autres motions "pro-rassemblement" obtiennent quelque 35%. Avec à peine 12%, la gauche des Verts est laminée. Mme Duflot a désormais la main. Elle a proposé dimanche soir un "rassemblement de tous les Verts". Avant celui des écolos.


Sylvia Zappi

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